Cadavre grand m’a raconté
Anthologie de la poésie des fous et des crétins dans le nord de la France
Coédition Lurlure et Le Corridor bleu
La première édition de ce livre a paru il y a trente ans, la deuxième en 2005, voici la troisième, considérablement augmentée.
Cadavre grand est le fruit monstrueux d’une longue quête — ou traque ? — des poètes marginaux du Nord et de la Picardie : fous, crétins, naïfs... et à travers eux de la Grande Picardie Mentale, territoire à la fois mythique et extraordinairement réel, qui est, ne nous y trompons pas, une figure du MONDE, tout comme la langue picarde, présente sous différentes formes dans bien des pages, est la figure de la LANGUE même.
Cette quête fut lancée par le vociférant abbé Lepécuchel, poursuivie par Martial Lengellé et Ivar Ch’Vavar, puis Alix Tassememouille vint à la rescousse, et bientôt Lucien Suel... Mais les rapports d’Ivar Ch’Vavar, maître d’œuvre, avec ses compagnons et collaborateurs, comme avec ses créatures, paraissent tellement étranges et indémêlables, qu’après de nombreuses hésitations, nous avons choisi de désigner ainsi : « Ivar Ch’Vavar et Camarades », l’auteur collectif de cette sidérante anthologie.
Anthologie ? oui, mais Cadavre grand forme bien un tout, extrêmement cohérent, une œuvre drue et foisonnante, pleine d’échos comme de signes de reconnaissance — œuvre-labyrinthe, égarante au possible, mais une, emportée, enlevée par une grande force et invention.
Tout un univers se lève et grouille sous nos yeux, l’univers fantasmé du Nord, mais fantasmé jusqu’à sa plus haute réalité, jusqu’au moment où cette réalité se dévoile et apparaît dans une évidence crue et bouleversante.
Ce livre-monstre, ne ressemblant à rien de connu, inclassable... est encore un livre sur la poésie, ses trucs et ses techniques, son travail acharné, ses doutes, ses angoisses, ses miracles, son esprit sacrificiel. Un livre sur la puissance de l’imaginaire, qui seul, aux yeux d’Ivar Ch’Vavar, nous amène au réel : c'est pourquoi ce qui frappe le plus, en définitive, le lecteur d’un tel livre, c’est l’extraordinaire impression de réalité et de véracité criante qu’il ressent.