Trubert
Nouvelle traduction de Bertrand Rouziès-Léonardi
Il était une fois un jeune homme naïf et un peu sot du nom de Trubert. Il vivait paisiblement dans la forêt de Pontarlie avec sa mère et sa sœur. Un jour, il lui prend envie d’en sortir. Le motif ? La quête d’une pelisse pour sa sœur, que ses hardes misérables empêchent de trouver un mari.
À partir de ces prémices gentillettes le fabliau s’emballe, lorgne vers le roman parodique, voire le pamphlet, à mesure que son héros déploie, au détriment de tous ceux qu’il côtoie, les multiples facettes d’une expertise à la fois farcesque et maléfique, en tout cas riche d’enseignements.
Ce poème inclassable, écrit à la fin du XIIIe siècle par un trouvère dont on ne sait rien, est une sape infernalement drôle qui bat en brèche toutes les valeurs auxquelles est adossée la société de son temps. La violence, réelle ou symbolique, criminelle ou désirante, y devient une forme d’art qui, par son systématisme et son apparente gratuité, anticipe de plusieurs siècles certaines performances dadaïstes.